septembre – novembre 2011
exposition
L’H du Siège – Valenciennes
Frédérique Lucien & Bernard Moninot, le biais du dessin

« Tandis que le dessin est généralement associé à bidimensionnalité et assujetti à la peinture, Frédérique Lucien et Bernard Moninot envisagent le dessin autrement, comme une pratique autonome et multiple. Si leurs démarches artistiques sont fondamentalement différentes dans leurs intentions, la familiarité entre leurs oeuvres tient à leur recours quasi systématique au dessin. Faire dialoguer leurs oeuvres révèle leurs semblables intuitions et parfois même, par contraste, quelques parentés formelles. La rigidité d’un contour chez Lucien s’oppose à une ligne mouvante che Moninot. Pour ces deux artistes, le dessin ne se cantonne pas seulement au papier et ne relève pas nécessairement du caractère intime qui lui est souvent conféré. Le dessin advient par ailleurs, empruntant des chemins de traverse : la transparence, l’opacité, l’ombre, la lumière, la superposition, la découpe. Cette invention créatrice est sous-tendue par la variété des sujets abordés au confins du dessin traditionnel des beaux-arts, du dessin scientifique et technique. (…)
Bernard Moninot et Frédérique Lucien se sont engagés ces dernières années dans un travail de figuration qui traite de la vanité et du corps. Bernard Moninot dessine des crânes à la mine de plomb sur soie, Frédérique Lucien des bouches et plus récemment des morceaux de corps au fusain sur papiers (F.Lucien, Orée, 2008 et B.Moninot, Crânes, 2011). Dans la série des crânes, Bernard Moninot fait se croiser les ombres réelles du dessin à celles créées sur le mur, par transparence. Avec la série Orée, Frédérique Lucien se joue de l’échelle de ces lèvres surdimensionnées. Le grand format les font considérer le vide comme un matériau. Les crânes flottent dans un espace indéfini démultiplié par les ombres et le blanc du papier pèse sur les bouches placées au bord de la feuille. Chacun flirte avec une inquiétante étrangeté, de la chose reconnue à celle représentée.
Frédérique Lucien et Bernard Moninot se rejoignent par le biais du dessin, leurs oeuvres s’activent, par variations, par ricochets. Mises en regard pour la première fois, elles se donnent la réplique en négatif. Comme autant d’ondes dessinées. »
Emilie Ovaere-Corthay
juillet 2011