13 mai 2011
Frédérique Lucien
anonyme

« Frédérique Lucien propose un bilan du travail de ses vingt dernières années dans quatre musées français, à Paris, Caen, Brest et Vannes. La galerie Fournier montre un ensemble d’oeuvres récentes de cette artiste qu’elle expose depuis 1990. Le réel est au centre de ses recherches plastiques. Comment percevons-nous la réalité et quelle apparence lui donner sans trahir sa part intime et mystérieuse ? Le dessin livre une réponse. Il se fait introspectif. Tout part d’un objet, et plus récemment du corps, observés avec rigueur avant que la main s’empare des formes et les transpose. La ligne anonyme écrit, énonce, ose la distanciation sans desserrer sa relation au visible. Longtemps, Frédérique Lucien à dialogué avec le végétal, lié à l’organique. La ténuité de leurs frontières à facilité le chemin discursif de la ligne, de ses contours, d’oppositions entre les vides et les pleins. ces variations ont débouché sur le corps, lequel est abordé par fragments pour mieux questionner les volumes. Si chaque partie du corps et identifiable (bras, jambes, fesses, dos, mains, pieds, torses), elle est placée sur la surface de la feuille pour un décalage qui coupe sa reconnaissance. Un accrochage espacé sous la verrière de la galerie renforce l’idée du corps démembré. L’artiste travaille au fusain à partir de photographies de proches. Sa sûreté permet un trait juste et souple qui garde toute la vibration dispensée par la ductilité du médium. La lumière apporte une dimension quasi magique. Une autre impression d’étrangeté est donnée par ses bouches en céramique réalisées à la Manufacture nationale de Sèvres, avec lesquelles elle passe du plan au volume. Rigoureusement déssinées, ses sept petites bouches en céramique de couleurs vives – rose et rouge flamboyant – provoquent des sentiments contradictoires entre fascination et répulsion. Le titre générique, Ligne muette, rappelle le lien jamais rompu avec le dessin. Silencieusement, des bouches closes en porcelaine blanche, lisse, isolées elles aussi du visage sont regroupées dans la série dite des « Galets », dont elles ont la dimension. Le corps manipulé pour une démultiplication de ses proches formelles est insaisissable, imprévu. »
Lydia Harambourg